Fiche Technique
Nom : "La Trajectoire"
Réalisation : "Jacques de Crécy et François Kinder"
Acteur : Thibaud de Crécy
Bande sonore : Nicolas Griffig
Durée : 15 min
Format : HD 16/9
Date : Avril 2010
Après Umwelt, Jacques de Crécy et François Kinder continuent d’explorer les ramifications quintessencielles – en sursis – qui lient notre humanité à son environnement premier. Avec La Trajectoire, ils expriment une autre facette de cette prérogative, s’attachant à la direction des êtres : leur mouvement interne le plus intime tout autant que la trajectoire de vie qu’ils prennent. Car cette trajectoire, avant d’être articulée au-dehors, existe en dedans… Peut-être est-ce pour cela qu’elle devient synonyme de notre identité, de ce que l’on est.
Ce court-métrage est lui-même pétri de ce mouvement. D’abord ascendant, avec cette accession aux sommets des montagnes (et donc au ciel et à l’horizon), puis dans un mouvement horizontal contrasté par la chute et l’hémorragie en suspens, et enfin dans une intense descente où l’on creuse plus qu’on ne choit. En effet, le fameux « retour à la terre » où l’homme redevient poussière, enfin en osmose avec les éléments par la décomposition physique engendrée par la mort, ou bien le sentiment écologique, ne sont pas les vrais sujets de La Trajectoire. Il est bien plus question de savoir comment mêler réellement la chair à la terre afin d’être un avec la nature, notre nature, que d’envisager une philosophie chamanique ou mortuaire du corps : il s’agit au contraire d’une force de vie à retrouver, dans le sens des premières énergies, et d’un réveil de la conscience que nous avons de notre corps en la vie. Et de ce que nous faisons de cette vie. Pour ne pas mourir à force d’oublier ce que nous sommes en nous mentant chaque jour, il nous faut changer notre trajectoire. Non pas un retour à la terre, mais en la terre.
Lorsqu’il caresse l’arbre, lui faisant naturellement l’amour, puis qu’il se frotte animalement dans la terre comme pour mieux sentir cette « autre chair » de lui-même, l’aimant jusqu’à vouloir s’enfouir en elle, le personnage ne cherche pas à épouser la nature, mais bien à essayer d’intégrer les deux chairs en une seule, l’unique, la fondamentale. Par cela, De Crécy et Kinder nous proposent une autre manière d’envisager la moelle de notre existence, bien plus en phase avec la tragédie de notre condition humaine que nombre d’œuvres « à message » puisque confrontant notre pensée à notre cerveau fossile. En dédiant ce film à François Augiéras, les réalisateurs réaffirment qu’une spiritualité archaïque doit aussi être prise en compte si l’on veut pouvoir encore prononcer les mots « présent » et « avenir ».
Cecil McKinley